Apprendre avec le cœur : pourquoi l’émotion est la clé de la mémoire chez l’enfant
- Elodie Pillonel

- 19 juil.
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 31 juil.

Vous souvenez-vous de ce que vous avez mangé mardi dernier ? Probablement pas. Mais vous vous rappelez peut-être très bien de ce que vous faisiez lorsque votre meilleur ami.e vous a appelé pour vous annoncer une grande nouvelle ou toute autre situation forte en émotions.
Ce n’est pas un hasard : les émotions sont les grandes alliées de la mémoire. Chez l’enfant, cette relation est encore plus marquée. Quand on touche son cœur, on capte son attention. Et quand l’enfant est émotionnellement impliqué, il apprend mieux, plus vite… et retient plus longtemps.
Le cerveau de l’émotion et de la mémoire : une connexion directe
Dans le cerveau, l’amygdale (qui traite les émotions comme la joie, la peur, la surprise…) est directement connectée à l’hippocampe, la structure qui gère la mémoire à long terme. Elles sont physiquement proches et fonctionnent en étroite collaboration.
L’amygdale agit comme un amplificateur : plus une expérience génère d’émotion, plus l’hippocampe enregistre l’information en profondeur.
En d’autres termes : ce qui touche, marque. Ce qui est neutre, s’efface.
Pourquoi cela change tout pour l’apprentissage ?
Dans les apprentissages scolaires ou quotidiens, le lien entre cognition et émotion est fondamental. Il ne suffit pas de transmettre une information : il faut la rendre vivante, intéressante, vibrante pour que l’enfant s’y engage pleinement.
L’enfant apprend avec tout son être : corps, cœur, curiosité… et pas seulement avec sa “tête”.
3 piliers pour favoriser l’apprentissage émotionnel
1. Créer du lien émotionnel avec ce qu’on apprend
Plus un contenu scolaire est relié à ce que l’enfant ressent ou aime, plus il est retenu. Il ne s’agit pas de transformer chaque leçon en spectacle, mais de chercher à faire sens, à raconter des histoires, à rendre l’apprentissage humain et incarné.
Exemple : un enfant retiendra mieux une règle de grammaire s’il l’a entendue dans une histoire drôle ou touchante… que dans une fiche d’exercices.
2. S’appuyer sur les passions de l’enfant
Quand un enfant s’intéresse à un thème (les dinosaures, les planètes, les camions, Harry Potter…), sa capacité de mémorisation devient incroyable. Il retient des noms latins, des dates, des faits complexes… sans effort apparent.
Cela s’explique par une libération de dopamine, liée au plaisir et à la motivation. Ce neurotransmetteur favorise la consolidation de la mémoire.
3. Encourager les projets personnels
Les pédagogies par projet ou par centres d’intérêt (Montessori, Freinet, Reggio…) sont puissantes car elles impliquent à la fois la cognition ET l’émotion. L’enfant s’engage activement dans ce qu’il fait, il en devient acteur, créateur.
Il est alors connecté émotionnellement à l’apprentissage : il se sent valorisé, motivé, et en confiance.
Et les enfants « experts » de leurs passions ?
Qui n’a jamais été épaté par un enfant capable de réciter tous les noms de dinosaures ou de Pokémons ? Ce phénomène est parfaitement naturel : lorsqu’un thème passionne, le cerveau mobilise ses pleines capacités. L’enfant entre dans un état d’attention intense, presque méditatif, où l’apprentissage est fluide.
Ce n’est pas un “talent” particulier, c’est l’effet combiné de l’émotion, de la motivation et de la répétition dans le plaisir.
En résumé : toucher le cœur pour éveiller l’esprit
✅ L’émotion est le moteur de la mémoire : ce que l’on vit intensément s’imprime profondément.
✅ Pour retenir l’attention de l’enfant, il faut lui parler avec sens, plaisir, surprise ou empathie.
✅ Utiliser ses centres d’intérêt ou ses passions est une stratégie puissante pour lui permettre d’apprendre plus vite et mieux.
✅ Les projets, les jeux et les histoires connectent les savoirs à l’affectif, et donc à la mémoire durable.
Quand on apprend avec le cœur, on apprend pour la vie.
Références:
McGaugh, J. L. (2004). The amygdala modulates the consolidation of memories of emotionally arousing experiences. Annual Review of Neuroscience, 27, 1–28.
Immordino-Yang, M. H., & Damasio, A. (2007)
. We Feel, Therefore We Learn. Mind, Brain, and Education, 1(1), 3–10.
Hinton, C. et al. (2008). Brain Research, Learning and Emotions. European Journal of Education, 43(1), 87–103.
Stern, E. (2005). Pedagogy meets neuroscience. Zeitschrift für Pädagogik, 51(6), 747–764.



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